Les yeux : interfaces entre ordinateur et cerveau
Ce qui est exigé de la vision s’est intensifié dans le domaine de la vie professionnelle. La mise à contribution du corps diminue continuellement. La capacité de transformer les informations lues à l’écran prend la place de la force musculaire. Les yeux et le cerveau portent désormais la responsabilité principale de la charge de travail.
Le système perceptif visuel est actif. Il recherche, explore, analyse les messages, en extrait de l’information qu’il stocke dans sa mémoire. La vision est un processus qui implique aussi bien des mécanismes moteurs que cognitifs.
Mécanismes physiologiques de la vision sur écran
Les postes de travail équipés de TEV sollicitent fortement le système visuel. L’opérateur qui passe la majorité de son temps devant un écran modifie quelque 30.000 fois par jour son angle d’observation. Ses yeux passent de l’écran au clavier ou à la lecture de ses documents. Dans la recherche d’informations interviennent des mouvements oculaires très complexes car une vision nette implique de nombreux réglages réflexes :
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Un travail musculaire réglant l’accommodation et la convergence pour la netteté sur le point à fixer.
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Un autre ajustant l’ouverture de la pupille qui permet d’adapter la sensibilité de l’œil au niveau de lumière ambiant pour prévenir l’éblouissement.
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Des processus neuronaux et biochimiques viennent compléter cette adaptation constante de la rétine à la luminance des écrans et des surfaces à regarder.
Rappels des principaux mécanismes qui permettent une vision nette :
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L accommodation : c’est par la modification des rayons de courbures du cristallin actionnée par les muscles ciliaires, muscles intrinsèques de l’œil, que la puissance de l’œil varie et permet une vision nette à différents points de fixation.
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La convergence : par une action réflexe, coordonnée à l accommodation mise en jeu, les axes visuels des deux yeux convergent sur le point à fixer. Ces mouvements oculaires sont « actionnés « par la contraction graduée des 6 muscles extrinsèques de l’œil.
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L’adaptation à la lumière : l’œil en passant de l’écran au texte et au clavier, subit des variations de luminance importantes. Il met en jeu son système d’adaptation à la lumière et à l’éblouissement. Lorsque la lumière est faible, la pupille se dilate (mydriase) pour augmenter la quantité de lumière parvenant à la rétine.
Rappel des différents types de vision en fonction du niveau lumineux
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Vision photopique = lumière du jour: les luminances sont supérieures à 10² cd /m²). Les cônes de la rétine centrale sont stimulés. L’acuité visuelle sera maximum et la vision colorée existera.
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Vision mésopique = les luminances sont comprises entre 10² cd /m² et 10־ ² cd /m². Seuls certains cônes à seuil bas sont stimulés avec les bâtonnets de la rétine périphérique. Alors l’acuité visuelle fine diminue et la perception colorée aussi.
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Vision scotopique = vision nocturne : les luminances sont inférieures à 10־ ² cd/m2, Seules les cellules bâtonnets de la rétine périphérique sont stimulées. Alors il y a chute de l’acuité visuelle, perception colorée inexistante, mais vision périphérique possible.
La charge visuelle
Le travail sur TEV sollicite de manière très contraignante les capacités visuelles des opérateurs. Les facteurs de charge visuelle se traduisent pour eux, par la notion de fatigue visuelle. Les symptômes décrits ci-dessous sont les principaux indicateurs d’une surcharge visuelle :
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symptômes sensitifs: irritation / assèchement / picotement / lourdeurs des globes oculaires
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symptômes sensoriels: sensibilité à la lumière, altération de la vision des couleurs
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symptômes visiomoteurs : motricité intrinsèque et extrinsèque de l’oeil perturbée / vision floue, vision double
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symptômes généraux: maux de tête, mal de nuque…
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symptômes comportementaux : attitudes volontaires ou involontaires adoptées pour combattre les conséquences des contraintes visuelles, adoption de postures peu physiologiques pour alléger la charge visuelle.
La fréquence des symptômes regroupés sous le terme de fatigue visuelle ou d’astreinte augmente avec la durée du travail sur écran. L’intensité des troubles visuels est en rapport direct avec le nombre d’heure de travail et le temps passé à consulter l’écran journellement.