Vision et âge: en quoi les changements qui s’opèrent avec l’âge influencent la vision et la façon de travailler ?
Il est important de favoriser à l’intérieur de l’entreprise, une meilleure compréhension des conséquences de la sénescence du système visuel. Car les informations que nous recevons par l’intermédiaire de nos sens, le sont à 80% par la vue.
La nécessité de maintenir plus longtemps les actifs au travail questionne le travail, son organisation, et les conditions de sa réalisation. En tant qu’ergonome, mon objectif est d’aider les entreprises à concevoir des conditions de travail favorables à tous, pour permettre de rester efficaces tout au long du parcours professionnel.
Quelles caractéristiques de travail renforcent ou atténuent les déficiences fonctionnelles du système visuel liées à l’avancée en âge? Et comment tenir compte de ces caractéristiques dans la conception des situations de travail (équipement, ambiance de travail, organisation de travail).
Les performances de la vision passent par un optimum entre 18 et 35 ans, puis le vieillissement de l’œil progresse. L’importance de la connaissance des changements dans la vision induits par le vieillissement est primordiale pour la prévention et l’adaptation des postes de travail.
Voici les principales modifications fonctionnelles visuelles liées à l’avancé en âge
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Modification de la cinétique pupillaire
La dynamique du réflexe photo moteur se modifie avec l’age. Le myosis, capacité de la pupille à se contracter, diminue d’environ 10% entre l’age de 20 ans et celui de 60 ans (Verriest.G.1971). Le diamètre de repos est plus petit. La vitesses de contraction plus faibles. La latence de contraction et de dilatation plus longue.
→ Constat : l’adaptation aux variations de luminances est plus difficile
→ Recco : l’éclairage ambiant doit être stable, homogène, sans éblouissements, et avec un niveau d’éclairement général plus important.
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Modification de la transmission de la lumière dans l’œil en fonction de la longueur d’onde
La transparence des milieux internes de l’œil diminue et le sens chromatique s’altère avec les années. La transmission de la lumière dépend de la longueur d’onde de la lumière utilisée. Pour les valeurs hautes du spectre lumineux, la couleur rouge par exemple, provoque peu de modification de transmission, par contre pour le bleu et le vert la transmission diminue de près de 50%.
→ Constat : Difficulté à la lecture des affichages ou des caractères de couleur bleu ou vert
→ Recco : Éviter les polices de coloris bleu ou vert, ou alors en augmentant fortement leur taille
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Rétrécissement du champ visuel périphérique
Toutes les zones du champ visuel, aire centrale, aire péri-centrale, périphérique, ont une diminution de leur sensibilité différentielle avec l’âge. Le champ visuel cinétique périphérique temporal d’un sujet « normal » de 24 ans a une excentricité de 70° par rapport au point central de fixation. Par contre celui du sujet « normal » de 75 ans se limitera à 25° d’excentricité (Egge 19884, Johnson1989, Williams 1983).
→ Recco : Favoriser les prises d’informations dans un champ visuel circonscrit
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Baisse de l’Acuité visuelle
L’acuité visuelle se définit comme la capacité de discriminer des détails fins dans le champ visuel. L’acuité visuelle photopique et mésopique n’évoluent pas de façon identique au cours de l’âge.
- Acuité visuelle photopique ( à lumière du jour) : à 20 ans elle est de 12/10 et à 60 ans de 8/10. Au-delà de quatre-vingts ans, une acuité de 5/10 peut-être considérée comme normale.
- Acuité visuelle mésopique (dans des condition d’éclairage faible) baisse dès l’âge de 30 ans ; elle est de 5/10 à 60 ans (Zonlonghi 2008).
→ Recco : Éviter les typographies trop petites car la grandeur des détails caractéristiques d’une lettre ou d’un signe doit être telle qu’elle n’utilise pas l’œil au maximum de ses performances
→ Recco : Éviter les écrans à fond sombre
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Diminution de la résistance à l éblouissement
La résistance à l’éblouissement s’exprime par la vitesse de récupération des fonctions visuelles par le sujet : acuité visuelle et sensibilité aux contrastes. Celle-ci est beaucoup plus faible chez le sujet âgé. (Verriest 1971). L’éblouissement provoque un déficit plus ou moins intense et prolongé des performances visuelles photopique.
→ Recco : Supprimer les sources de lumières éblouissantes parasites
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Augmentation de la sécheresse oculaire
La sécrétion lacrymale est liée au vieillissement. Elle est à son maximum entre 15 et 30 ans. Puis diminue progressivement, pour atteindre à 60 ans un plus faible débit. De plus, en mesurant les clignements par électromyogramme, on constate généralement une baisse de fréquence de clignement spécifique au travail sur écran de l’ordre de 6 à 7 fois par rapport au même travail effectué sur support papier (Vo Van Toï). Ces deux facteurs combinés auront des conséquences évidentes sur les symptômes oculaires d’œil sec chez les sujets plus âgés.
→ Recco : Alterner les taches visuelles afin retrouver un clignement naturel,
→ Recco : Favoriser une ambiance thermique de qualité avec un degré d’hydrométrie stable de l’ordre de 55%.
Diminution d’amplitude des mouvements exploratoires
Il y a ralentissement et réduction d’amplitude des mouvements exploratoires avec l’âge. Les opérateurs âgés ont plus de difficulté à parcourir l’ensemble du champ de vision à disposition. N.Itoh, A.Yamashita(2004)
→ Recco : Installation des écrans de contrôle au centre du champ visuel, face à l’opérateur
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Diminution de la plasticité du cristallin
Les effets de l’âge étudiés précédemment s’observent surtout à partir de 50/55 ans, mais il existe un modification plus précoce : la presbytie. Ce phénomène est dû à la diminution de l’amplitude d’accommodation qui rend inapte à voir de près dès l’âge de 40 ans, si une compensation optique n’est pas réalisée. La presbytie est due au vieillissement du cristallin qui se rigidifie et devient moins transparent.
La puissance accommodative est maximale à 15 ans. De l’ordre de 15 ∆ (dioptrie prismatique). Puis elle diminue progressivement pour arriver à 3 ∆ à 40 ans et 0.5 ∆ à 60 ans. Sans correction optique, l’œil ne peut plus faire la mise au point et la vision de près est floue. La correction devant un écran devra être aussi précise que possible et devra tenir compte des défauts de vision les plus légers (en cas d’astigmatisme, par exemple), ainsi que de la distance entre l’œil et l’écran.